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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

rencontre si parfaite m’est singulièrement glorieuse, puisque j’ai devancé le chantre immortel au rivage où nous avons eu les mêmes souvenirs, et où nous avons commémoré les mêmes ruines.

J’ai encore l’honneur d’être en rapport avec lord Byron, dans la description de Rome : les Martyrs et ma Lettre sur la campagne romaine ont l’inappréciable avantage, pour moi, d’avoir deviné les aspirations d’un beau génie.

Les premiers traducteurs, commentateurs et admirateurs de lord Byron se sont bien gardés de faire remarquer que quelques pages de mes ouvrages avaient pu rester un moment dans les souvenirs du peintre de Childe-Harold ; ils auraient cru ravir quelque chose à son génie. Maintenant que l’enthousiasme s’est un peu calmé, on me refuse moins cet honneur. Notre immortel chansonnier, dans le dernier volume de ses Chansons, a dit : « Dans un des couplets qui précèdent celui-ci, je parle des lyres que la France doit à M. de Chateaubriand. Je ne crains pas que ce vers soit démenti par la nouvelle école poétique, qui, née sous les ailes de l’aigle, s’est, avec raison, glorifiée souvent d’une telle origine. L’influence de l’auteur du Génie du christianisme s’est fait ressentir également à l’étranger, et il y aurait peut-être justice à reconnaître que le chantre de Childe-Harold est de la famille de René. »

Dans un excellent article sur lord Byron, M. Villemain[1] a renouvelé la remarque de M. de Béranger :

  1. Il s’agit ici, non précisément d’un article, mais d’une Notice sur lord Byron, publiée dans la Biographie universelle de