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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

sœur et son grand télescope de quarante pieds, il cherchait de nouvelles planètes : cela faisait rire Peltier qui s’en tenait aux sept vieilles.

Nous nous arrêtâmes deux jours à Oxford. Je me plus dans cette république d’Alfred le Grand ; elle représentait les libertés privilégiées et les mœurs des institutions lettrées du moyen âge. Nous ravaudâmes les vingt-cinq collèges, les bibliothèques, les tableaux, le muséum, le jardin des plantes. Je feuilletai avec un plaisir extrême, parmi les manuscrits du collège de Worcester, une vie du Prince Noir, écrite en vers français par le héraut d’armes de ce prince.

Oxford, sans leur ressembler, rappelait à ma mémoire les modestes collèges de Dol, de Rennes et de Dinan. J’avais traduit l’élégie de Gray sur le Cimetière de campagne :

The curfew tolls the knell of parting day.

Imitation de ce vers de Dante :

     Squilla di lontano
Che paja ’l giorno pianger che si muore
[1].

Peltier s’était empressé de publier à son de trompe, dans son journal, ma traduction[2]. À la vue d’Oxford,

    teau de Windsor. Le célèbre astronome eut pour auxiliaires dans la construction de ses télescopes et dans ses observations son frère Alexandre et sa sœur Caroline, qui mourut, presque centenaire, en 1848.

  1. Le Purgatoire, chant VIII, vers 5.
  2. Elle a été insérée par Chateaubriand au tome XXII de ses Œuvres complètes. « S’il a fait, dit Sainte-Beuve, de bien mauvais vers et de médiocres, il en a trouvé quelques-uns de tout à fait