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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

à l’occasion du baptême d’un fils du général Murat[1]. M. de Melzi avait connu mon frère ; les manières du vice-président de la République cisalpine étaient belles ; sa maison ressemblait à celle d’un prince qui l’aurait toujours été : il me traita poliment et froidement ; il me trouva tout juste dans des dispositions pareilles aux siennes.

J’arrivai à ma destination le 27 juin au soir, avant-veille de la Saint-Pierre : le prince des apôtres m’attendait, comme mon indigent patron[2] me reçut depuis à Jérusalem. J’avais suivi la route de Florence, de Sienne et de Radicofani. Je m’empressai d’aller rendre ma visite à M. Cacault[3] auquel le cardinal Fesch succédait, tandis que je remplaçais M. Artaud[4].

Le 28 juin, je courus tout le jour : je jetai un pre-

    frère : nous en avons parlé longtemps. Le vice-président a des manières fort nobles ; sa maison est celle d’un prince, et d’un prince qui l’aurait toujours été. Il m’a traité poliment et froidement, et m’a toujours trouvé dans des conditions pareilles aux siennes. »

  1. Napoléon-Charles-Lucien, prince Murat, second fils de Joachim Murat, né à Milan, le 16 mai 1803. Représentant du peuple en 1848 et 1849, sénateur le 26 janvier 1852, puis membre de la famille civile de l’Empereur (21 juin 1853) avec le titre d’Altesse impériale, il fut de 1852 à 1862, grand-maître de la maçonnerie. Il est mort à Paris, le 10 avril 1873.
  2. « L’indigent patron », c’est saint François d’Assise.
  3. François Cacault (1743-1805). Il avait débuté dans la diplomatie, en 1785, comme secrétaire d’ambassade à Naples. En 1793, il réussit à détacher la Toscane de la coalition européenne, et fut, en 1797, un des signataires du traité de Tolentino. Il remplit, de 1801 à 1803, les fonctions de ministre plénipotentiaire à Rome.
  4. Le chevalier Artaud de Montor (1772-1840). Ancien émigré, ayant servi dans l’armée des princes, il était entré en 1798 dans la diplomatie. Il a composé de nombreux ouvrages, dont le plus important est l’Histoire du pape Pie VII.