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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

ou six à chaque bout et portent des charges énormes d’un pas régulier ; un seul homme porte aussi de très lourds fardeaux. Ils ont un espèce de crochet qui leur prend depuis les épaules jusqu’aux reins, et avec une remarquable adresse d’équilibre, ils portent tous les paquets sans être attachés. »


MON ITINÉRAIRE.

« Nous étions sur le vaisseau à peu près deux cents passagers, hommes, femmes, enfants et vieillards. On voyait autant de nattes rangées en ordre des deux côtés de l’entre-pont. Dans cette espèce de république, chacun faisait son ménage à volonté : les femmes soignaient leurs enfants, les hommes fumaient ou préparaient leur dîner, les papas causaient ensemble. On entendait de tous côtés le son des mandolines, des violons et des lyres. On chantait, on dansait, on riait, on priait. Tout le monde était dans la joie. On me disait : « Jérusalem ! » en me montrant le midi ; et je répondais : « Jérusalem ! » Enfin, sans la peur, nous eussions été les plus heureuses gens du monde ; mais, au moindre vent, les matelots pliaient les voiles, les pèlerins criaient : Christos, Kyrie eleison ! L’orage passé, nous reprenions notre audace. »

Ici, je suis battu par Julien :


ITINÉRAIRE DE JULIEN.

« Il a fallu nous occuper de notre départ pour Jaffa, qui eut lieu le jeudi 18 septembre. Nous nous sommes embarqués sur un bâtiment grec, où il y