Aller au contenu

Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t2.djvu/573

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
543
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

qu’ils ont percé, et montrer à la fin des temps une résurrection. En voilà assez, Monseigneur, et vous serez bien aise d’apprendre que c’est ma dernière lettre, et la fin de mes enthousiasmes, qui vous importuneront peut-être. Pardonnez-les à ma passion de vous entretenir de loin, en attendant que je puisse le faire de près.

« Fr. de Fénelon.

C’était là le vrai nouvel Homère, seul digne de chanter la Grèce et d’en raconter la beauté au nouveau Chrysostome.


Je n’ai devant les yeux, des sites de la Syrie, de l’Égypte et de la terre punique, que les endroits en rapport avec ma nature solitaire ; ils me plaisaient indépendamment de l’antiquité, de l’art et de l’histoire. Les Pyramides me frappaient moins par leur grandeur que par le désert contre lequel elles étaient appliquées ; la colonne de Dioclétien arrêtait moins mes regards que les festons de la mer le long des sables de la Libye. À l’embouchure pélusiaque du Nil, je n’aurais pas désiré un monument pour me rappeler cette scène peinte par Plutarque :

« L’affranchi chercha au long de la grève où il trouva quelque demourant du vieil bateau de pêcheur, suffisant pour brusler un pauvre corps nu et encore non tout entier. Ainsi, comme il les amassoit et assembloit, il survint un Romain, homme d’âge qui, en ses jeunes ans, avoit été à la guerre sous Pompée. Ah ! lui dit le Romain, tu n’auras pas tout seul cet honneur et te prie,