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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t2.djvu/601

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

M. l’abbé Pailhès, j’en trouve une, en date du 8 septembre 1802, qui commence ainsi :

Eh bien, mon cher enfant, les vers ? Vous êtes un maudit homme. Pas un signe de vie de votre part…

Comment va Mme Fontanes, et l’enfant[1], et la sœur, et l’oncle ? Que vous êtes heureux d’avoir tant de cœurs qui s’intéressent à vous ?

La grande voyageuse[2], comment est-elle ? Je ne sais si elle a reçu ma lettre.

À propos de lettres, il vient de m’arriver, par la poste, toute décachetée une lettre qui me fait peine si F… l’a vue. On se plaint de mes rigueurs et on m’offre des merveilles. Je ne sais comment faire pour empêcher les indiscrètes bontés de m’arriver par le grand chemin…

F… ne peut être que Fouché. C’est lui, en sa qualité de ministre de la police, et lui seul, qui a pu voir cette lettre, si même ce n’est pas lui qui l’a décachetée ; car une lettre mise à la poste, une lettre contenant d’indiscrètes bontés, et de nature à intéresser Fouché, n’a pas pu n’être pas cachetée avec soin. Or, Fouché, à cette époque, et depuis plusieurs années déjà, était le protecteur actif, l’admirateur passionné, le grand ami de Mme de Custine. De là, l’ennui éprouvé par Chateaubriand, à la pensée que la lettre « décachetée » avait passé sous les yeux du ministre de la police.

Il est donc impossible de ne pas faire remonter à cette date de septembre 1802 le début des relations de Mme de Custine avec Chateaubriand.

Si la date de 1803, donnée par M. Bardoux, est inexacte, celle de 1801, mise en avant par M. de Robethon, est également erronée. Il dit en effet lui-même — et avec raison — que la première rencontre eut lieu peu après l’apparition du Génie du christianisme. Or, le Génie du christianisme a paru, non en 1801, mais le 14 avril 1802.

  1. Christine de Fontanes.
  2. Mme Bacciochi.