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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

jugea pas Jérusalem ; mais, de conséquence en conséquence, elle a fait tomber les finances du monde aux échoppes des Juifs, et produit par là dans l’économie sociale une fatale subversion.

Le marquis de Lauderdale[1] vint à Paris remplacer

    « Après un intervalle de quinze siècles, 71 docteurs de la loi et notables d’Israël s’étant constitués en grand Sanhédrin, afin de trouver en eux le moyen et la force des ordonnances religieuses, et conformes aux principes de leurs lois, et qui servent d’exemples à tous les Israélites, ils déclarent que leur loi contient des dispositions religieuses et des dispositions politiques ; que les premières sont absolues, mais que les dernières, destinées à régir le peuple d’Israël dans la Palestine, ne sauraient être applicables depuis qu’il ne se forme plus en corps de nation. — La polygamie permise par la loi de Moïse, n’étant qu’une simple faculté et hors d’usage en Occident, est interdite. — L’acte civil du mariage doit précéder l’acte religieux. — Nulle répudiation ou divorce ne peut avoir lieu que suivant les formes voulues par les lois civiles. — Les mariages entre Israélites et Chrétiens sont valables. — La loi de Moïse oblige de regarder comme frères les individus des nations qui reconnaissent un Dieu Créateur. — Tous les Israélites doivent exercer, comme devoir essentiellement religieux et inhérent à leur croyance, la pratique habituelle et constante envers tous les hommes reconnaissant un Dieu créateur, des actes de justice et de charité prescrits par les livres saints. — Tout Israélite, traité par les lois comme citoyen, doit obéir aux lois de la patrie, et se conformer, dans toutes les transactions, aux dispositions du code civil qui y est en usage. Appelé au service militaire, il est dispensé, pendant la durée de ce service, de toutes les observances religieuses qui ne peuvent se concilier avec lui. — Les Israélites doivent, de préférence, exercer les professions mécaniques et libérales, et acquérir des propriétés foncières, comme autant de moyens de s’attacher à leur patrie et d’y retrouver la considération générale. — La loi de Moïse n’autorisant pas l’usure et n’admettant que l’intérêt légitime dans le prêt entre Israélites et non Israélites, quiconque transgresse cette loi viole un devoir religieux et pèche notoirement contre la volonté divine. »

  1. Lord Lauderdale (1759-1839), ami de Fox et l’un des chefs du parti whig. Après la chute de Napoléon, il soutint énergi-