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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t3.djvu/417

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

M. de Latouche dans la retraite[1] : dans deux ou trois de ses plus belles odes, M. Victor Hugo a prolongé ces nobles accents :

Dans la nuit des forfaits, dans l’éclat des victoires.
Cet homme ignorant Dieu, qui l’avait envoyé, etc[2].

Enfin, à l’extérieur, le jugement européen était tout aussi sévère. Je ne citerai parmi les Anglais que le sentiment des hommes de l’opposition, lesquels s’accommodaient de tout dans notre Révolution et la justifiaient de tout : lisez Mackintosh dans sa plaidoirie pour Peltier. Sheridan, à l’occasion de la paix d’Amiens, disait au parlement : « Quiconque arrive en Angleterre, en sortant de France, croit s’échapper d’un donjon pour respirer l’air et la vie de l’indépendance. »

    sophe déifier aussi la gloire et diviniser ce fléau de Dieu. Je n’ai fait qu’en rire. Dans la bouche d’un philosophe, ces paradoxes brillants n’ont aucun danger ; ce n’est qu’un sophisme. Dans la bouche d’un homme d’État, cela prend un autre caractère. Les sophismes des gouvernements deviennent bientôt les crimes ou les malheurs des nations. Prenez garde de donner une pareille épée pour jouet à un pareil peuple ! »

  1. Hyacinte Thabaud de Latouche (1785-1851), poète et romancier. Son nom restera attaché à la publication des Poésies d’André Chénier (1819). Il eut aussi l’honneur, compatriote de George Sand, de la deviner tout d’abord, de lui indiquer la vraie voie et de lui rendre les premiers pas plus faciles. Possesseur, à Aulnay, d’une petite maison voisine de celle qu’avait habitée Chateaubriand, il s’appelait volontiers l’Ermite de la Vallée-aux-Loups.
  2. Odes et Ballades, ode sur Buonaparte. Voir aussi, dans le même recueil, l’ode qui a pour titre : Les Deux Îles.