Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t3.djvu/584

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
570
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Saint-Géran, le pèlerinage de M. de Maisonterne et l’entrevue de ce dernier avec Madame Bélise, comtesse de Mascarillis (la comtesse de Genlis).

L’auteur des Martyrs n’avait fait que rire des pasquinades dirigées contre M. de Châteauterne et M. de Maisonterne. Il dut s’émouvoir le jour où l’on essaya de mettre en cause non plus son style et son talent, mais son caractère et son honneur. Au mois de novembre 1812, parut une brochure intitulée : Lettre à M. le comte de B…, pendant son séjour aux eaux d’Aix-la-Chapelle[1]. Elle était due à la plume d’un certain Charles His, qui avait rédigé pendant la Révolution un journal appelé le Républicain français, et qui allait devenir sous la Restauration un royaliste zélé, si bien que, sous Charles X, il fut un moment question de l’anoblir. Un peu plus, il se serait appelé Charles d’His, comme le Roi ! En attendant, le pauvre diable était aux gages du duc de Rovigo. Celui-ci lui avait remis un exemplaire de l’Essai sur les Révolutions, et Charles His, à l’aide de citations tronquées, avait présenté l’auteur du Génie du christianisme comme un hypocrite et un athée.

La meilleure réponse à faire à ces prétendus extraits, était de réimprimer l’Essai en entier. En conséquence, Chateaubriand écrivit la lettre suivante au baron de Pommereul, directeur général de l’imprimerie et de la librairie :


Monsieur le baron,

On s’est permis de publier des morceaux d’un ouvrage dont je suis l’auteur. Je juge, d’après cela, que vous ne verrez aucun inconvénient à laisser paraître l’ouvrage tout entier.

Je vous demande donc, Monsieur le baron, l’autorisation nécessaire pour mettre sous presse, chez Le Normant, mon ouvrage intitulé : Essai historique, politique et moral sur les Révolutions anciennes et modernes, considérées dans leurs rapports

  1. À Paris, au dépôt de la librairie Dentu, galerie de bois, nos 265 et 266. — 1812.