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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Napoléon, qui s’écriait avec tant de sens : « Oh ! si j’étais mon petit-fils ! » ne trouvait point le pouvoir dans sa famille, il le créa : quelles facultés diverses cette création ne suppose-t-elle pas ! Veut-on que Napoléon n’ait été que le metteur en œuvre de l’intelligence sociale répandue autour de lui ; intelligence que des événements inouïs, des périls extraordinaires, avaient développée ? Cette supposition admise, il n’en serait pas moins étonnant : en effet, que serait-ce qu’un homme capable de diriger et de s’approprier tant de supériorités étrangères ?


Toutefois si Napoléon n’était pas né prince, il était, selon l’ancienne expression, fils de famille. M. de Marbeuf, gouverneur de l’île de Corse, fit entrer Napoléon dans un collège près d’Autun[1] ; il fut admis ensuite à l’école militaire de Brienne[2]. Élisa, madame Bacciochi, reçut son éducation à Saint-Cyr : Bonaparte réclama sa sœur quand la Révolution brisa les portes de ces retraites religieuses. Ainsi l’on trouve une sœur de Napoléon pour dernière élève d’une institution dont Louis XIV avait entendu les premières jeunes filles chanter les chœurs de Racine.

Les preuves de noblesse exigées pour l’admission de Napoléon à une école militaire furent faites : elles contiennent l’extrait baptistaire de Charles Bonaparte, père de Napoléon, duquel Charles on remonte à François, dixième ascendant ; un certificat des nobles prin-

  1. Bonaparte est resté trois mois et demi au collège d’Autun, du 1er  janvier au 12 mai 1779. (Napoléon inconnu, par Frédéric Masson, tome I, p. 47-52.)
  2. Bonaparte est resté à l’École militaire de Brienne du 19 mai 1779 au 30 octobre 1784. (Masson, tome I, p. 53-86.)