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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

cipaux de la ville d’Ajaccio, prouvant que la famille Bonaparte a toujours été au nombre des plus anciennes et des plus nobles ; un acte de reconnaissance de la famille Bonaparte de Toscane, jouissant du patriciat et déclarant que son origine est commune avec la famille Bonaparte de Corse, etc., etc.

« Lors de l’entrée de Bonaparte à Trévise, » dit M. de Las Cases, « on lui annonça que sa famille y avait été puissante ; à Bologne, qu’elle y avait été inscrite sur le livre d’or… À l’entrevue de Dresde, l’empereur François apprit à l’empereur Napoléon que sa famille avait été souveraine à Trévise, et qu’il s’en était fait représenter les documents : il ajouta qu’il était sans prix d’avoir été souverain, et qu’il fallait le dire à Marie-Louise, à qui cela ferait grand plaisir. »

Né d’une race de gentilshommes, laquelle avait des alliances avec les Orsini, les Lomelli, les Médicis, Napoléon, violenté par la Révolution, ne fut démocrate qu’un moment ; c’est ce qui ressort de tout ce qu’il dit et écrit : dominé par son rang, ses penchants étaient aristocratiques. Pascal Paoli ne fut point le parrain de Napoléon, comme on l’a dit : ce fut l’obscur Laurent Giubega, de Calvi ; on apprend cette particularité du registre de baptême tenu à Ajaccio par l’économe, le prêtre Diamante.

J’ai peur de compromettre Napoléon en le replaçant à son rang dans l’aristocratie. Cromwell, dans son discours prononcé au Parlement le 12 septembre 1654, déclare être né gentilhomme ; Mirabeau, La Fayette, Desaix et cent autres partisans de la Révolution étaient nobles aussi. Les Anglais ont prétendu que le prénom