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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

avec des médecins de James-Town. Il admit cependant à son lit de mort le docteur Arnold. Du 13 au 27 avril, il dicta son testament ; le 28, il ordonna d’envoyer son cœur à Marie-Louise ; il défendit à tout chirurgien anglais de porter la main sur lui après son décès. Persuadé qu’il succombait à la maladie dont avait été atteint son père, il recommanda de faire passer au duc de Reichstadt le procès-verbal de l’autopsie : le renseignement paternel est devenu inutile ; Napoléon II a rejoint Napoléon Ier.

À cette dernière heure, le sentiment religieux dont Bonaparte avait toujours été pénétré se réveilla. Thibaudeau, dans ses Mémoires sur le Consulat, raconte, à propos du rétablissement du culte, que le premier consul lui avait dit : « Dimanche dernier, au milieu du silence de la nature, je me promenais dans ces jardins (la Malmaison) ; le son de la cloche de Ruel vint tout à coup frapper mon oreille, et renouvela toutes les impressions de ma jeunesse ; je fus ému, tant est forte la puissance des premières habitudes, et je me dis : S’il en est ainsi pour moi, quel effet de pareils souvenirs ne doivent-ils pas produire sur les hommes simples et crédules ? Que vos phi-

    fesseur d’anatomie à Florence, quand il fut choisi par le cardinal Fesch pour aller à Sainte-Hélène donner ses soins à Napoléon, auquel on venait d’enlever le docteur O’Meara. Arrivé par le même navire que l’abbé Buonavita et l’abbé Vignale, il resta auprès de l’empereur jusqu’à sa mort. Les Mémoires du docteur Antomarchi, ou les derniers moments de Napoléon (Paris, 1825, 2 vol. in-8o), contiennent l’histoire de la captivité de l’empereur depuis le 21 septembre 1819 jusqu’au 5 mai 1821. M. Thiers (p. 688) parle du docteur Antomarchi en ces termes : « C’était un jeune médecin italien, ayant quelque esprit, peu d’expérience et une extrême présomption. »