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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Après la mort de M. Mathieu de Montmorency, M. de Rivière[1] était devenu gouverneur du duc de Bordeaux ; il travaillait dès lors au renversement de M. de Villèle, car la partie dévote de la cour s’était ameutée contre le ministre des finances. M. de Rivière me donna rendez-vous rue de Taranne, chez M. de Marcellus, pour me faire inutilement la même proposition que me fit plus tard l’abbé Frayssinous. M. de Rivière mourut, et M. le baron de Damas lui succéda auprès de M. le duc de Bordeaux. Il s’agissait donc toujours de la succession de M. de Chabrol et de M. l’évêque d’Hermopolis. L’abbé Feutrier[2] évêque de Beauvais, fut installé au ministère des cultes, que l’on détacha de l’instruction publique, laquelle tomba à M. de Vatimesnil[3]. Restait le ministère de la marine :

  1. Charles-François Riffardeau, duc de Rivière (1763-1828). Ami personnel du comte d’Artois, et son aide de camp pendant l’émigration, il fut compromis, en 1804, dans le procès de Georges Cadoudal, et condamné à mort. L’intervention de Joséphine fit commuer cette peine en celle d’un emprisonnement au fort de Joux ; il y resta quatre ans et fut ensuite déporté. Louis XVIII le nomma pair de France et ambassadeur à Constantinople. Charles X le créa duc héréditaire (30 mai 1825) et le promut gouverneur du duc de Bordeaux en 1826. M. de Rivière mourut le 21 avril 1828. Il avait fait don au roi, en 1822, de la Vénus de Milo, qu’il avait découverte pendant son ambassade auprès du Sultan.
  2. François-Jean-Hyacinthe, comte Feutrier (1785-1830), évêque de Beauvais depuis 1826. Il fut nommé ministre des Affaires ecclésiastiques le 4 mars 1828.
  3. Antoine-François-Henri Lefebvre de Vatimesnil (1789-1860). Attaché au parquet de la Seine dès 1815, il s’était fait remarquer par la maturité précoce de ses rares qualités, par une science profonde du droit, une argumentation méthodique, claire, pressante, une parole facile, pénétrante, fortement accentuée. « Vous avez fait oublier votre jeunesse par vos talents, » lui disait M. de Sèze, lorsqu’il fut installé comme avocat général à la Cour de cassation, le 18 août 1824. Orateur, jurisconsulte, membre de nos