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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

lent de nouveau leur maître : c’était Fouché, Caulaincourt, Carnot, Quinette[1] et Grenier[2].

Pendant ces transactions, Bonaparte retournait ses idées dans sa tête : « Je n’ai plus d’armée, disait-il, je n’ai plus que des fuyards. La majorité de la Chambre des députés est bonne ; je n’ai contre moi que La Fayette, Lanjuinais et quelques autres. Si la nation se lève, l’ennemi sera écrasé ; si, au lieu d’une levée, on dispute, tout sera perdu. La nation n’a pas envoyé les députés pour me renverser, mais pour me

  1. Nicolas-Marie Quinette (1762-1821). Député de l’Aisne à la Législative, puis à la Convention, il vota la mort du roi. Au mois d’avril 1793, il fut, avec les conventionnels Camus, Lamarque et Bancal des Issarts et le ministre de la guerre Beurnonville, envoyé à l’armée de Dumouriez pour faire arrêter ce général. Ce fut ce dernier qui les fit arrêter et les livra au prince de Cobourg. Quinette et ses collègues furent soumis à une assez dure captivité jusqu’au 25 décembre 1795, jour où ils furent échangés, à Bâle, contre la fille de Louis XVI. Sous le Directoire, il fit partie du Conseil des Cinq-Cents et devint ministre de l’Intérieur. Préfet de la Somme après le 18 brumaire, il fut, en 1810, nommé conseiller d’État et fait baron, ce qui ne l’empêcha pas, en 1814, d’adhérer à la chute de Napoléon. Aux Cent-Jours, il se présenta, dès le 26 mars, à l’Empereur, qui lui confia une mission extraordinaire dans l’Eure, la Seine-Inférieure et la Somme, avec le titre de conseiller d’État, et l’appela, le 2 juin 1815, à siéger dans la Chambre des pairs impériale. Atteint par la loi du 12 janvier 1816 contre les régicides qui avaient rempli des fonctions pendant les Cent-Jours, il passa aux États-Unis, où il resta deux ans, revint en 1818 en Europe et se fixa à Bruxelles, où il mourut le 14 juin 1821.
  2. Paul, comte Grenier (1768-1827). Général de division dès 1794, il servit avec distinction dans les guerres de la Révolution et de l’Empire. À la première Restauration, il reçut de Louis XVIII le commandement de la 8e division militaire. Élu, en 1815, à la Chambre des représentants, il en fut nommé vice-président. Sous la seconde Restauration, il fut membre de la Chambre des députés de 1818 à 1822. À la fin de la législature, il se retira dans sa terre de Morembert (Aube), où il mourut le 18 avril 1827.