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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

coulant[1], Benjamin Constant, avaient conspiré contre lui, que d’ailleurs les Chambres n’avaient pas assez d’énergie. Il disait que lui seul pouvait tout réparer, mais que les meneurs n’y consentiraient jamais, qu’ils aimeraient mieux s’engloutir dans l’abîme que de s’unir avec lui, Napoléon, pour le fermer.

Le 27 juin, à la Malmaison, il écrivit cette sublime lettre : « En abdiquant le pouvoir, je n’ai pas renoncé

    gères (août 1830-octobre 1832), ambassadeur à Naples (1834) et à Londres (1835-1840). Louis-Philippe lui donna, le 21 octobre 1840, le bâton de maréchal de France. Il passa ses dernières années dans la retraite, accablé par l’assassinat de sa fille, la duchesse de Praslin (17 août 1847). Marié en premières noces (1805) à Mlle de Coigny, qui mourut en couches en 1807, il était, par son second mariage avec Mlle de Gramont, proche parent du prince de Polignac.

  1. Louis-Germain Doulcet, comte de Pontécoulant (1764-1853). Député du Calvados à la Convention, il vota, dans le procès du roi, pour le bannissement. Après le 31 mai 1793, il dénonça la Commune de Paris et déclara que la Convention n’était pas libre. Au mois de juillet suivant, choisi comme défenseur par Charlotte Corday, il refusa de l’assister devant le Tribunal révolutionnaire, soit qu’il ait craint pour lui-même, soit qu’il ait eu peur d’aggraver par son intervention la situation de sa compatriote. Charlotte Corday, au moment de monter sur l’échafaud, lui écrivit une lettre qui commençait ainsi : « Doulcet Pontécoulant est un lâche d’avoir refusé de me défendre… » Le 3 octobre 1793, il fut mis hors la loi, mais il échappa aux poursuites en se réfugiant chez une amie, Mme Lejay, libraire, qui avait été publiquement la maîtresse de Mirabeau, et qu’il épousa l’année suivante. Préfet de la Dyle sous le Consulat, il fut nommé sénateur le 1er février 1802 et créé comte le 26 avril 1808. En 1809, il accepta de remplir dans le Calvados une mission de police et il fut le principal agent de l’assassinat du comte d’Aché. (Voir Louis de Frotté et les insurrections normandes, par L. de la Sicotière, t. II, p. 685.) Cela ne l’empêcha pas d’être nommé pair de France par Louis XVIII le 4 juin 1814 et de siéger sans interruption à la Chambre haute de 1814 à 1848. On a de lui des Mémoires publiés en 1862.