de bon. M. de Talleyrand était une vraie tendresse, il se penchait sur mon épaule ; certainement il me croyait dans ce moment un très grand homme.
Je ne tardai point à recevoir un billet de M. de Duras ; il m’écrivait de Cambrai que l’affaire était arrangée, et que M. de Talleyrand allait recevoir l’ordre de se mettre en route : cette fois le prince ne manqua pas d’obéir.
Quel diable me poussait ? Je n’avais point suivi le roi qui m’avait pour ainsi dire offert ou plutôt donné le ministère de sa maison et qui fut blessé de mon obstination à rester à Mons : je me cassais le cou pour M. de Talleyrand que je connaissais à peine, que je n’estimais point, que je n’admirais point ; pour M. de Talleyrand qui allait entrer dans des combinaisons nullement les miennes, qui vivait dans une atmosphère de corruption dans laquelle je ne pouvais respirer !
Ce fut de Mons même, au milieu de tous ses embarras, que le prince de Bénévent envoya M. de Perray toucher à Naples les millions d’un de ses marchés de Vienne.[1] M. de Blacas cheminait en même temps avec l’ambassade de Naples dans sa poche, et d’autres millions que le généreux exilé de Gand lui avait donnés à Mons. Je m’étais tenu dans de bons rapports avec M. de Blacas, précisément parce que tout le monde le détestait ; j’avais encouru l’amitié de M. de Talleyrand pour ma fidélité à un caprice de son humeur ; Louis XVIII m’avait positivement appelé auprès de sa personne, et je préférai
- ↑ Sur M. de Perray et sur cette négociation de Talleyrand, voir, au tome III, la note de la page 528 (note 47 du Livre IV de la Troisième Partie).