« Mon dîner à l’Académie s’est passé à merveille. Les jeunes gens étaient satisfaits : un ambassadeur dînait chez eux pour la première fois. Je leur ai annoncé le monument au Poussin : c’était comme si j’honorais déjà leurs cendres. »
« Au lieu de perdre mon temps et le vôtre à vous raconter les faits et gestes de ma vie, j’aime mieux vous les envoyer tout consignés dans le journal de Rome. Voilà encore douze mois qui achèvent de tomber sur ma tête. Quand me reposerai-je ? Quand cesserai-je de perdre sur les grands chemins les jours qui m’étaient prêtés pour en faire un meilleur usage ? J’ai dépensé sans regarder tant que j’ai été riche ; je croyais le trésor inépuisable. Maintenant, en voyant combien il est diminué et combien peu de temps il me reste à mettre à vos pieds, il me prend un serrement de cœur. Mais n’y a-t-il pas une longue existence après celle de la terre ? Pauvre et humble chrétien, je tremble devant le jugement dernier de Michel-Ange ; je ne sais où j’irai, mais partout où vous ne serez pas je serai bien malheureux. Je vous ai cent fois mandé mes projets et mon avenir. Ruines, santé, perte de toute illusion, tout me dit : « Va-t-en, retire-toi, finis. » Je ne retrouve au bout de ma journée que vous. Vous avez désiré que je marquasse mon passage à Rome, c’est fait : le tombeau du Poussin restera. Il portera cette inscription : F.-A. de Ch. à Nicolas Poussin,