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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

faudrait qu’un pape eût assez de résolution pour faire tout à coup une nombreuse promotion de jeunes cardinaux, de manière à assurer la majorité à l’élection future d’un jeune pontife. Mais les règlements de Sixte-Quint qui donnent le chapeau à des charges du palais, l’empire de la coutume et des mœurs, les intérêts du peuple qui reçoit des gratifications à chaque mutation de la tiare, l’ambition individuelle des cardinaux qui veulent des règnes courts, afin de multiplier les chances de la papauté, mille autres obstacles trop longs à déduire, s’opposent au rajeunissement du Sacré Collège.

« La conclusion de cette dépêche, monsieur le comte, est que, dans l’état actuel des choses, le roi peut compter entièrement sur la cour de Rome.

« En garde contre ma manière de voir et de sentir, si j’ai quelque reproche à me faire dans le récit que j’ai l’honneur de vous transmettre, c’est d’avoir plutôt affaibli qu’exagéré l’expression des paroles de Sa Sainteté. Ma mémoire est très sûre ; j’ai écrit la conversation en sortant du Vatican, et mon secrétaire intime n’a fait que la copier mot à mot sur ma minute. Celle-ci, tracée rapidement, était à peine lisible pour moi-même. Vous n’auriez jamais pu la déchiffrer[1].

« J’ai l’honneur d’être, etc. »

  1. Peu de temps après la date de cette lettre, M. de la Ferronnays, malade, partit pour l’Italie et laissa par intérim aux mains de M. Portalis le portefeuille des affaires étrangères. Ch. — Depuis longtemps, la santé de M. de la Ferronnays était ébranlée. Déjà il avait demandé et obtenu un congé. Il était revenu à son poste ; mais, le 2 janvier 1829, étant dans le cabinet du roi, il éprouva une faiblesse, à la suite de laquelle la maladie