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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

« J’irai ce matin à ma fouille : hier nous avons trouvé le squelette d’un soldat goth et le bras d’une statue de femme. C’était rencontrer le destructeur avec la ruine qu’il avait faite ; nous avons une grande espérance de retrouver ce matin la statue. Si les débris d’architecture que je découvre en valent la peine, je ne les renverserai pas pour vendre les briques comme on fait ordinairement ; je les laisserai debout, et ils porteront mon nom : ils sont du temps de Domitien. Nous avons une inscription qui nous l’indique : c’est le beau temps des arts romains. »

DÉPÊCHES À M. LE COMTE PORTALIS.
« Rome, ce lundi 9 février 1829.
MORT DE LÉON XII.
« Monsieur le comte,

« Sa Sainteté a ressenti subitement une attaque du mal auquel elle est sujette : sa vie est dans le plus imminent danger. On vient d’ordonner de fermer tous les spectacles. Je sors de chez le cardinal secrétaire d’État, qui lui-même est malade et qui désespère des jours du pape. La perte de ce souverain pontife si éclairé et si modéré serait dans ce moment une vraie calamité pour la chrétienté et surtout pour la France. J’ai cru, monsieur le comte, qu’il importait au gouvernement du roi d’être prévenu de cet événement probable, afin qu’il pût prendre d’avance les mesures qu’il jugerait nécessaires. En conséquence, j’ai expédié pour Lyon un courrier à