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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

clave, cela est du plus mince intérêt pour le résultat de l’élection. Si l’on avait des millions à distribuer, il serait encore possible de faire un pape : je n’y vois que ce moyen, et il n’est pas à l’usage de la France.

« Dans mes instructions confidentielles à M. le duc de Laval (13 septembre 1823) je lui disais : « Nous demandons que l’on mette sur le trône pontifical un prélat distingué par sa piété et ses vertus. Nous désirons seulement qu’il soit assez éclairé et d’un esprit assez conciliant pour qu’il puisse juger la position politique des gouvernements et ne les jette pas, par des exigences inutiles, dans des difficultés inextricables, aussi fâcheuses pour l’Église que pour le trône… Nous voulons un membre du parti italien zelante modéré, capable d’être agréé par tous les partis. Tout ce que nous leur demandons dans notre intérêt, c’est de ne pas chercher à profiter des divisions qui peuvent se former dans notre clergé pour troubler nos affaires ecclésiastiques. »

« Dans une autre lettre confidentielle, écrite à propos de la maladie du nouveau pape Della Genga, le 28 janvier 1824, je disais encore à M. le duc de Laval : « Ce qu’il nous importe d’obtenir (supposant un nouveau conclave), c’est que le pape soit, par ses inclinations, indépendant des autres puissances ; c’est que ses principes soient sages et modérés et qu’il soit ami de la France. »

« Aujourd’hui, monsieur le comte, dois-je suivre comme ambassadeur l’esprit de ces instructions que je donnais comme ministre ?