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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

mier est entré au conclave jeudi soir 12, avec M. le cardinal Isoard[1], les deux autres s’y sont renfermés vendredi soir, 13.

« Je leur ai fait part de tout ce que je savais ; je leur ai communiqué des notes importantes sur la minorité et la majorité du conclave, sur les sentiments dont les différents partis sont animés. Nous sommes convenus qu’ils porteraient les candidats dont je vous ai déjà parlé, savoir : les cardinaux Capellari, Oppizzoni, Benvenuti, Zurla, Castiglioni, enfin Pacca et de Gregorio ; qu’ils repousseraient les cardinaux de la faction sarde : Pedicini, Giustiniani, Galleffi et Cristaldi[2].

  1. Joachim-Jean-Xavier, duc d’Isoard (1766-1839). Il fit ses études au séminaire d’Aix, où il se lia intimement avec le futur cardinal Fesch ; lorsqu’éclata la Révolution, il n’avait reçu encore que les ordres mineurs. En 1794, il se rendit à Vérone, auprès du comte de Provence ; puis, il revint en France, prit part à plusieurs complots royalistes, et dut retourner en Italie après le 18 fructidor. La protection de l’abbé Fesch lui permit de rentrer en France sous le Consulat, et bientôt de remplir auprès de son ancien condisciple, devenu archevêque de Lyon, cardinal et ambassadeur à Rome, les fonctions de secrétaire particulier (1803). La même année, il fut nommé auditeur de Rote. Il ne fut ordonné prêtre qu’en 1825, à Rome. Léon XII le créa peu après (25 juin 1827) cardinal au titre de Saint-Pierre-ès-liens, qu’il échangea plus tard contre celui de la Trinité-du-Mont. À son retour en France, Mgr d’Isoard fut pourvu de l’archevêché d’Auch et appelé à la pairie avec le titre de duc (24 janvier 1829). À la révolution de Juillet, sa nomination à la Chambre haute fut annulée par la nouvelle Charte : il se consacra alors uniquement à son diocèse. La mort de son ami le cardinal Fesch ayant déterminé une vacance dans le corps des cardinaux français, Mgr d’Isoard fut appelé à lui succéder (14 juin 1839), mais il mourut presque subitement quelques mois après, le 7 octobre, pendant qu’il attendait à Paris ses bulles d’institution.
  2. Bélisaire Cristaldi, né à Rome le 11 juillet 1764, mort à Rome le 25 février 1831. Nommé cardinal le 2 octobre 1826.