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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

« J’espère que cette bonne intelligence entre les ambassadeurs et les cardinaux aura le meilleur effet : du moins n’aurai-je rien à me reprocher si des passions ou des intérêts venaient à tromper mes espérances.

« J’ai découvert, monsieur le comte, de méprisables et dangereuses intrigues entretenues de Paris à Rome par le canal de M. le nonce Lambruschini[1]. Il ne s’agissait rien moins que de faire lire en plein conclave la copie de prétendues instructions secrètes divisées en plusieurs articles et données (assurait-on impudemment) à M. le cardinal de Latil. La majorité du conclave s’est prononcée fortement contre de pareilles machinations ; elle aurait voulu qu’on écrivît au nonce de rompre toute espèce de relations avec ces hommes de discorde qui, en troublant la France, finiraient par rendre la religion catholique odieuse à tous. Je fais, monsieur le comte, un recueil de ces révélations authentiques, et je vous l’enverrai après la nomination du pape : cela vaudra mieux que toutes les dépêches du monde. Le roi apprendra à connaître ses amis et ses ennemis, et le gouvernement pourra s’appuyer sur des faits propres à le diriger dans sa marche.

« Votre dépêche no 14 me donna avis des empiétements que le nonce de Sa Sainteté a voulu renouveler en France au sujet de la mort de Léon XII. La même chose était déjà arrivée, lorsque j’étais ministre des affaires étrangères, à la mort de Pie VII : heureusement on a toujours les moyens de se

  1. Mgr Lambruschini, archevêque de Gênes, nonce du Saint-Siège à Paris.