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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

du comte de Neipperg[1] ; cette mère du fils du conquérant a donné des frères à ce fils[2] : elle fait garantir les dettes qu’elle entasse par un petit Bourbon qui demeure à Lucques, et qui doit, s’il y a lieu, hériter du duché de Parme[3].

  1. Sur le comte de Neipperg, voir, au tome IV, la note 2 de la page 435 [note 57 du Livre XI de la Troisième Partie].
  2. Si Chateaubriand ne vit pas Marie-Louise, lors de son passage à Parme en 1828, il avait dîné avec elle, quelques années auparavant, à Vérone, où elle avait été voir son père, pendant la tenue du Congrès. « Nous refusâmes d’abord, écrit-il, une invitation de l’archiduchesse de Parme. Elle insista, et nous y allâmes. Nous la trouvâmes fort gaie ; l’univers s’étant chargé de se souvenir de Napoléon, elle n’avait plus la peine d’y songer. Elle prononça quelques mots légers et, comme en passant, sur le roi de Rome : elle était grosse. Sa cour avait un certain air délabré et vieilli, excepté M. de Neipperg, homme de bon ton. Il n’y avait là de singulier que nous dînant auprès de Marie-Louise, et les bracelets faits de la pierre du sarcophage de Juliette, que portait la veuve de Napoléon. En traversant le Pô, à Plaisance, une seule barque, nouvellement peinte, portant une espèce de pavillon impérial, frappa nos regards. Deux ou trois dragons, en veste et en bonnet de police, faisaient boire leurs chevaux ; nous entrions dans les États de Marie-Louise ; c’est tout ce qui restait de la puissance de l’homme qui fendit les rochers du Simplon, planta ses drapeaux sur les capitales de l’Europe, releva l’Italie prosternée depuis tant de siècles. » En parlant à Marie-Louise, Chateaubriand lui dit qu’il avait rencontré ses soldats à Plaisance, mais que cette petite troupe n’était rien à côté des grandes armées impériales d’autrefois. Elle lui répondit sèchement : « Je ne songe plus à cela ! » (Congrès de Vérone, t. 1, p. 69.)
  3. Charles-Louis de Bourbon, duc de Lucques, fils de l’infante Marie-Louise d’Espagne, ex-reine d’Étrurie. Aux termes d’un arrangement conclu à Paris en 1817, il devait hériter, à la mort de Marie-Louise, du duché de Parme et Plaisance. Marie-Louise étant morte en 1847, il devint duc de Parme ; mais, chassé de ses États en 1848 par une insurrection, il abdiqua, le 14 mars 1849, en faveur de son fils Charles III, qui périt assassiné le 27 mars 1854. Le fils aîné de ce dernier, Robert Ier, né en 1848,