Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t5.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

la vieille diplomatie. Toutefois, il ne faut pas se dissimuler qu’un chargé d’affaires d’Autriche, secrétaire d’État à Rome, a des inconvénients ; il y a même certaines notes (par exemple celles qui seraient relatives à la puissance impériale en Italie) qu’on ne pourrait mettre entre les mains du cardinal Albani.

« Personne n’a encore pu pénétrer le secret d’une nomination qui déplaît à tout le monde, même au cabinet de Vienne. Cela tient-il à des intérêts étrangers à la politique ? On assure que le cardinal Albani offre dans ce moment au saint-père de lui avancer 200,000 piastres dont le gouvernement de Rome a besoin ; d’autres prétendent que cette somme serait prêtée par un banquier autrichien. Le cardinal Macchi me disait samedi dernier que Sa Sainteté, ne voulant pas reprendre le cardinal Bernetti et désirant néanmoins lui donner une grande place, n’avait trouvé d’autre moyen d’arranger les choses que de rendre vacante la légation de Bologne. De misérables embarras deviennent souvent les motifs des plus importantes résolutions. Si la version du cardinal Macchi est la véritable, tout ce que dit et fait Pie VIII pour la satisfaction des couronnes de France et d’Autriche ne serait qu’une raison apparente, à l’aide de laquelle il chercherait à masquer à ses propres yeux sa propre faiblesse. Au surplus, on ne croit point à la durée du ministère d’Albani. Aussitôt qu’il entrera en relation avec les ambassadeurs, les difficultés naîtront de toutes parts.

« Quant à la position de l’Italie, monsieur le comte, il faut lire avec précaution ce qu’on vous en man-