avait sur le front il pallor della morte e la speranza, se prosterna sur ce marbre et lui adressa ce sonnet : O gran Padre Alighier ! Devant le tombeau je m’appliquais ce vers du Purgatoire :
. . . . . . . . . Frate,
Lo mondo è cieco, e tu vien ben da lui[1].
« Béatrice m’apparaissait ; je la voyais telle qu’elle était lorsqu’elle inspirait à son poète le désir de soupirer et de mourir de pleurs :
Di sospirare, e di morir di pianto.
« Ô ma pieuse chanson, dit le père des muses modernes, va pleurant à présent ! va retrouver les femmes et les jeunes filles à qui tes sœurs avaient accoutumé de porter la joie ! Et toi, qui es fille de la tristesse, va-t-en, inconsolée, demeurer avec Béatrice. »
« Et pourtant le créateur d’un nouveau monde de poésie oublia Béatrice quand elle eut quitté la terre ! il ne la retrouva, pour l’adorer dans son génie, que quand il fut détrompé. Béatrice lui en fait le reproche, lorsqu’elle se prépare à montrer le ciel à son amant : « Je l’ai soutenu (Dante), dit-elle aux puissances du paradis, je l’ai soutenu quelque temps par mon visage et mes yeux d’enfant ; mais quand je fus sur le seuil de mon second âge et que je changeai de vie, il me quitta et se donna à d’autres. »
« Dante refusa de rentrer dans sa patrie au prix
- ↑ Le Purgatoire, chant XVI, vers 65-66.