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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

seulement avant l’arrêt de mort de la branche aînée.

Les partis, fort animés, poussaient tout à l’extrême : les ultra-royalistes parlaient de donner la dictature à la couronne ; les républicains songeaient à une République avec un Directoire ou sous une Convention. La Tribune[1], journal de ce parti, parut, et dépassa Le National. La grande majorité du pays voulait encore la royauté légitime, mais avec des concessions et l’affranchissement des influences de cour ; toutes les ambitions étaient éveillées, et chacun espérait devenir ministre : les orages font éclore les insectes.

Ceux qui voulaient forcer Charles X à devenir monarque constitutionnel pensaient avoir raison. Ils croyaient des racines profondes à la légitimité ; ils avaient oublié la faiblesse de l’homme ; la royauté pouvait être pressée, le roi ne le pouvait pas : l’individu nous a perdus, non l’institution.

Les députés de la nouvelle Chambre étaient arrivés à Paris ; sur les deux cent vingt et un, deux cent deux avaient été réélus ; l’opposition comptait deux cent soixante-dix voix ; le ministère cent quarante-cinq ; la partie de la couronne était donc perdue. Le résultat naturel était la retraite du ministère : Charles X s’obstina à tout braver, et le coup d’État fut résolu.

    tements qui n’avaient qu’un collège électoral étaient appelés à voter le 23 juin ; dans les autres départements, les collèges d’arrondissement devaient se réunir le 3 juillet, et les collèges de département le 20 juillet. L’ouverture de la nouvelle Chambre était fixée au 3 août.

  1. La Tribune des départements, fondée par Auguste et Victorin Fabre. Cette feuille devint, après 1830, l’organe le plus violent de l’opposition républicaine.