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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

plus, j’ai pour mon avenir un plan complet de sacrifices qui me plaît. Nous en causerons quand vous serez arrivée.

« Je vais moi-même mettre cette lettre à la poste et parcourir Paris. »

RÉVOLUTION DE JUILLET.
JOURNÉE DU 26.

Les ordonnances, datées du 25 juillet, furent insérées dans le Moniteur du 26. Le secret en avait été si profondément gardé, que ni le maréchal duc de Raguse, major général de la garde, de service, ni M. Mangin[1], préfet de police, ne furent mis dans la confidence. Le préfet de la Seine[2] ne connut les ordonnances que par le Moniteur, de même que le sous-secrétaire d’État de la guerre[3] ; et néanmoins c’étaient

  1. Jean-Henri-Claude Mangin (1786-1835). Comme procureur général à Poitiers, il avait dirigé les poursuites contre le général Berton et ses complices (1822). Il avait été nommé conseiller à la Cour de cassation en 1827, et préfet de police en 1829. Magistrat éminent, orateur et écrivain, il a laissé des ouvrages de jurisprudence qui font encore aujourd’hui autorité en la matière : Traité de l’action publique et de l’action civile ; — Traité des procès-verbaux ; — Traité de l’instruction publique.
  2. Le comte de Chabrol-Volvic. Il était préfet de la Seine depuis 1812. Le comte de Chabrol-Croussol, qui avait été ministre des finances dans le cabinet Polignac jusqu’au 19 mai 1830, était son frère.
  3. Le vicomte de Champagny. — Lors du procès des ministres (audience du 16 décembre 1830), il fit la déclaration suivante : « J’ai eu connaissance des ordonnances du 25 juillet par le Moniteur du 26 ; rien n’avait pu me faire prévoir un événement aussi grave. Aucun ordre n’avait été donné au ministère de la guerre. Aucun mouvement extraordinaire de troupes n’avait eu lieu. Je dirai même qu’au moment où les ordonnances parurent, il y avait autour de Paris moins de troupes de la garde que de