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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

une cocarde tricolore : il allait enlever une vieille couronne au garde-meuble.

À son arrivée au Palais-Royal, M. le duc d’Orléans envoya complimenter M. de La Fayette.

La députation des douze députés se présenta au Palais-Royal. Elle demanda au prince s’il acceptait la lieutenance générale du royaume ; réponse embarrassée : « Je suis venu au milieu de vous partager vos dangers… J’ai besoin de réfléchir. Il faut que je consulte diverses personnes. Les dispositions de Saint-Cloud ne sont point hostiles ; la présence du roi m’impose des devoirs. » Ainsi répondit Louis-Philippe. On lui fit rentrer ses paroles dans le corps, comme il s’y attendait : après s’être retiré une demi-heure, il reparut portant une proclamation en vertu de laquelle il acceptait les fonctions de lieutenant général du royaume, proclamation finissant par cette déclaration : « La charte sera désormais une vérité. »

Portée à la Chambre élective, la proclamation fut reçue avec cet enthousiasme révolutionnaire âgé de cinquante ans : on y répondit par une autre proclamation, de la rédaction de M. Guizot. Les députés retournèrent au Palais-Royal ; le prince s’attendrit, accepta de nouveau, et ne put s’empêcher de gémir sur les déplorables circonstances qui le forçaient d’être lieutenant général du royaume.

    juillet, et qui le nomma colonel en 1831, commandeur de la Légion d’honneur et plus tard maréchal de camp. Allié à la famille du comte Lanjuinais, dont il avait épousé la fille en 1822, M. de Berthois fut envoyé à la Chambre des députés, en 1832, par les électeurs de Vitré (Ille-et-Vilaine), qui lui renouvelèrent son mandat jusqu’en 1848.