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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

La lettre d’ailleurs est curieuse comme document historique, en révélant les sentiments de la princesse à l’égard de ses parents geôliers, et en indiquant les souffrances endurées par elle. Les réflexions de Marie-Caroline sont justes ; elle les exprime avec animation et fierté. On aime encore à voir cette mère courageuse et dévouée, enchaînée ou libre, constamment préoccupée des intérêts de son fils. Là, du moins dans ce cœur, est de la jeunesse et de la vie. Il m’en coûtait de recommencer un long voyage ; mais j’étais trop touché de la confiance de cette pauvre princesse pour me refuser à ses vœux et la laisser sur les grands chemins. M. Jauge accourut au secours de ma misère, comme la première fois.

Je me remis en campagne avec une douzaine de volumes éparpillés autour de moi, Or, pendant que je pérégrinais derechef dans la calèche du prince de Bé-

    plaintes, de recevoir l’assurance que je n’oublierai jamais leur affection, ni les peines qu’ils ont endurées.

    « Les reproches qu’on a osé m’attribuer envers des amis dont je connaissais trop le dévouement pour accuser la conduite m’ont vivement offensée : je désavoue avec indignation ces suppositions injurieuses.

    « Quel que soit l’avenir que la Providence réserve à mon fils, aimer la France, consacrer à réparer ses malheurs, ses soins et sa vie, désirer qu’elle soit heureuse, s’il n’était pas chargé lui-même de faire son bonheur, tels seront, dans tous les temps, ses sentiments et ses vœux, tels seront toujours aussi les miens.

    « Les Français n’ont joui de la vraie liberté que sous la protection de leur souverain légitime : c’est à l’héritier du nom, et, j’espère, des vertus du grand Henri, qu’il appartiendra d’en continuer le règne, et de réaliser ce qu’il avait promis à la France.

    Marie-Caroline.
    « De la citadelle de Blaye, le 7 juin 1833. »