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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t6.djvu/231

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Madame de Berry rappelle dans sa lettre un petit manifeste[1] publié à sa sortie de Blaye et qui ne valait pas grand’chose, parce qu’il ne disait ni oui ni non.

    Angleterre et prit part à l’expédition de l’île d’Yeu (1795). Attaché à la personne du duc de Berry, il ne le quitta pas jusqu’en 1814, rentra avec lui en France et devint son aide de camp et son gentilhomme d’honneur. En 1816, il fut chargé d’aller à Marseille recevoir la duchesse de Berry, dont il fut nommé premier écuyer. Dans la nuit du 13 février 1820, il était auprès du duc de Berry lorsque le prince fut assassiné par Louvel. À la naissance du duc de Bordeaux, il fut choisi pour être son aide de camp. Le 23 décembre 1823, il fut promu pair de France. Après les journées de juillet, il suivit la famille royale et reprit ses fonctions auprès de la duchesse de Berry, la suivit en Vendée et fut arrêté avec elle à Nantes le 7 novembre 1832. Traduit devant la Cour d’assises de Montbrison, il fut acquitté, le 15 mars 1833, après une admirable plaidoirie de M. Hennequin, le plus éloquent des avocats royalistes après Berryer. Il rejoignit alors la duchesse de Berry, ne revint en France qu’en 1840, et mourut à Paris le 18 avril 1842.

  1. Voici ce petit manifeste, que les journaux du temps n’osèrent pas publier, et qui est très peu connu.

    « Mère de Henri V, j’étais venue sans autre appui que ses malheurs et son bon droit, pour mettre un terme aux calamités que subit la France, en y rétablissant l’autorité légitime, l’ordre et la stabilité, gages nécessaires au repos et à la paix des nations. La trahison m’a livrée à nos ennemis. Retenue prisonnière et longtemps opprimée par des personnes auxquelles je n’avais fait que du bien, j’ai gémi de leur ingratitude et souffert avec résignation les maux dont ils m’ont accablée ; mais je ne cesserai de protester contre l’usurpation des droits d’un enfant que la justice, les liens du sang, l’honneur et la foi jurée obligeaient à protéger et à défendre.

    « Je remercie les Français des nombreux témoignages d’attachement qu’ils m’ont donnés ; mon cœur n’en perdra jamais le souvenir.

    « Je prie tous ceux qu’on a persécutés à cause île mon fils ou de moi, ceux qui m’avaient offert des conseils dont on m’a privée malgré la triste situation où j’étais réduite et ceux qui ont réclamé, au nom de la France et du mien, contre la séquestration et les souffrances morales qui étouffaient jusqu’à mes