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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

du côté de la Grèce : « La nuit elle ne voit que le reflet des lanternes qui éclairent les gondoles : on dirait des ombres qui glissent sur l’eau, guidées par une petite étoile. » Oswald part ; Corinne s’élance pour le rappeler. « Une pluie terrible commençait alors ; le vent le plus violent se faisait entendre ; » Corinne descend sur le bord du canal. « La nuit était si obscure qu’il n’y avait pas une seule barque ; Corinne appelait au hasard des bateliers qui prenaient ses cris pour des cris de détresse de malheureux qui se noyaient pendant la tempête, et néanmoins personne n’osait approcher, tant les ondes agitées du grand canal étaient redoutables.[1] »

Voilà encore la Margherita de lord Byron.

J’éprouve un plaisir indicible à revoir les chefs-d’œuvre de ces grands maîtres dans le lieu même pour lequel ils ont été faits. Je respire à l’aise au milieu de la troupe immortelle, comme un humble voyageur admis aux foyers hospitaliers d’une riche et belle famille.


  1. Corinne, livre xv, chap. vii, viii et ix.