prisonnier supplie une chatte de lui prêter la luisance de ses yeux pour remplacer la lumière dont on l’a privé : inoffensive raillerie qui prouve la mansuétude du poète et l’excès de sa détresse. « Comme sur l’océan qu’infeste et obscurcit la tempête . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . le pilote fatigué lève la tête, durant la nuit, vers les étoiles dont le pôle resplendit, ainsi fais-je, ô belle chatte, dans ma mauvaise fortune. Tes yeux me semblent deux étoiles qui brillent devant moi… Ô chatte, lampe de mes veilles, ô chatte bien-aimée ! si Dieu vous garde de la bastonnade, si le ciel vous nourrit de chair et de lait, donnez-moi de la lumière pour écrire ces vers :
Fatemi luce a scriver queste carmi. »
La nuit, le Tasse se figurait entendre des bruits étranges, des tintements de cloches funèbres ; des spectres le tourmentaient, « Je n’en puis plus, s’écriait-il, je succombe ! » Attaqué d’une grave maladie, il crut voir la Vierge le sauvant par miracle.
Egro io languiva, e d’alto, sonno avvinto,
. . . . . . . . . . . .
Giacea con guancia di pallor dipinta,
Quando di luce incoronata . . . . .
Maria, pronta scendesti al mio dolore.
« Malade, je languissais vaincu du sommeil ;… je gisais, la pâleur répandue sur mes joues, quand, de lumière couronnée,… Marie, tu descendis rapidement à ma douleur. »
Montaigne visita le Tasse réduit à cet excès d’ad-