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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

« M. d’Alopeus[1] (celui qui est à Berlin) l’avait fortement sollicité ; je crois que nous avons toute espèce de raisons de nous féliciter qu’il ne l’ait pas obtenu. M. d’Oubril n’exercera d’ailleurs, je crois, aucune influence personnelle à Madrid ; il est à craindre seulement que le sieur Ugarte s’empare de lui ; je crois être sûr, cependant, qu’on l’a prémuni d’avance contre les séductions de cet intrigant ; il sera nécessaire que Pozzo lui donne à ce sujet une bonne direction.

« M. d’Oubril retrouvera à Madrid un de ses collègues, sir Ev. A’Court[2], qui a de lui la plus mince opinion possible, et dont le premier soin sera sûrement de déconsidérer et de ridiculiser le nouvel arrivé, comme il l’a fait en Italie. Sous ce rapport, M. de Talaru[3] pourra être fort utile à M. d’Oubril ; il deviendra en quelque sorte son appui et son soutien. Cette combinaison me paraît à la fois convenable à notre dignité, utile à nos intérêts et conforme à l’opinion que nous devons laisser prendre de la nature de nos rapports avec la Russie.

« Il me reste, monsieur le vicomte, à vous parler du Würtemberg. Je n’ai point laissé ignorer à M. de Nesselrode ni à l’empereur lui-même tout le prix et l’intérêt que le gouvernement du roi mettait à voir finir le différend qui existe entre la cour de

  1. Le comte David d’Alopeus, ministre plénipotentiaire de Russie à la cour de Berlin. Voyez sur lui, au tome IV des Mémoires, la note de la page 187 (note 14 du Livre VIII de la Troisième Partie).
  2. Ambassadeur d’Angleterre à Madrid.
  3. Louis-Justin-Marie, marquis de Talaru, ambassadeur de France à Madrid. — Voir sur lui, au tome II des Mémoires, la note 2 de la page 300. (note 15 du Livre II de la Deuxième Partie)