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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

m’écrire qui puisse y avoir rapport. Vous savez que si aucune affaire ne s’y oppose, je ne resterai plus ici assez longtemps pour recevoir réponse aux lettres que je vous adresse aujourd’hui.

« M. d’Oubril part aujourd’hui ; il sera probablement à Paris à peu près en même temps que ma lettre. Ses instructions lui prescrivent de travailler à réparer tout le mal qu’a fait à Madrid la conduite imprudente de M. Boulgary, de se faire le conciliateur et le modérateur de toutes les opinions ; d’engager en même temps le roi d’Espagne à résister fortement à tous les conseils, à toutes les insinuations dont le but serait de le porter à transiger sur quelques-uns de ses droits. La lettre du comte de Nesselrode au comte d’Offalia, qui vous sera probablement communiquée, indique assez que c’est là surtout la crainte de l’empereur, et, dans la conversation que j’ai eue avec M. d’Oubril, j’ai reconnu mot à mot ce qui m’avait été dit à moi-même lorsque j’ai eu l’honneur d’avoir un entretien avec Sa Majesté.

« J’ai déjà eu l’occasion de vous parler de M. d’Oubril, vous allez vous-même pouvoir le juger. Je crois, monsieur le vicomte, que vous trouverez qu’il n’est pas à la hauteur du rôle que l’on pouvait supposer à la Russie l’intention de vouloir faire jouer à son ministre en Espagne ; la fierté castillane ne sera peut-être pas flattée non plus de ne trouver aucun titre devant le nom de ce nouvel envoyé ; mais je crois que pour nous il vaut beaucoup mieux avoir affaire avec un homme de ce caractère qu’avec aucun de ceux dont il avait été question pour ce poste délicat.