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Page:Chateaubriand - Oeuvres de Lucile de.djvu/32

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œuvres de lucile de chateaubriand

que son corps ; la douceur de ses sentiments était infinie ; il n’y avait rien que de suave et d’un peu rêveur dans son esprit ; on eût dit que son cœur, sa pensée et sa voix soupiraient comme de concert ; elle avait de la femme la timidité et l’amour et de l’ange la pureté et la mélodie. »

« La vie que nous menions à Combourg, ma sœur et moi, dit-il dans ses Mémoires, augmentait l’exaltation de notre âge et de notre caractère. Notre principal désennui consistait à nous promener côte à côte dans le grand Mail, au printemps sur un tapis de primevères, en automne sur un lit de feuilles séchées, en hiver sur une nappe de neige que brodait la trace des oiseaux, des écureuils et des hermines. Jeunes comme les primevères, tristes comme la feuille séchée, purs comme la neige nouvelle, il y avait harmonie entre nos récréations et nous. Ce fut dans une de ces promenades que Lucile, m’entendant parler avec ravissement de la solitude me dit : « Tu devrais peindre tout cela. » Ce mot me révéla la Muse…

« Dans les premiers enchantements de l’inspiration, j’invitai Lucile à m’imiter. Nous passions des jours à nous consulter mutuellement, à nous communiquer ce que nous avions fait, ce que nous comptions faire. Nous entreprenions des ouvrages en commun ; guidés par notre instinct, nous tradui-