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LIVRE DEUXIÈME

bénéfices ; il ne se réserva qu’une retraite malsaine, pour y mourir, la Trappe. Lorsque Louis XIV prit les rênes de l’État, la France se divisa ; les uns allèrent combattre l’étranger, les autres se retirèrent au désert. Trois solitudes demeurèrent en présence : la Chartreuse, la Trappe et Port-Royal. À l’abri derrière ses guerriers et ses anachorètes, la France respira. Le dix-huitième siècle a voulu effacer Louis XIV, mais sa main s’est usée à gratter le portrait. Napoléon est venu se placer sous le dôme des Invalides comme pour assurer la gloire de Louis. On a eu beau faire des tableaux, les victoires de l’empire à Versailles n’ont pu effacer les souvenirs des victoires du dix-septième siècle. Napoléon a seulement ramené enchaînés à Louis XIV les rois que Louis XIV avait vaincus. Bonaparte a fait son siècle ; Louis a été fait par le sien : qui vivra plus longtemps, de l’ouvrage du temps ou de celui d’un homme ? C’est la voix du génie de toutes les sortes qui parle au tombeau de Louis ; on n’entend au tombeau de Napoléon que la voix de Napoléon.

Avant de nous parler des personnages qu’elle met en scène, la Grèce nous introduit sur le théâtre de leurs actions : Prométhée enchaîné