grandes congrégations de Rome que la voix de quelques moines inconnus d’une vallée du Perche. En vain Rancé fut protégé par Anne d’Autriche, la perspicacité italienne voyait que la mère de Louis XIV se mourait : or, la tombe, toute souveraine qu’elle est, a peu de crédit. Alors Rancé, voyant sa cause perdue, se remit en route pour la Trappe. À peine fut-il sorti de Rome que son entreprise fut surnommée une furie française, una furia francese, comme on appelle notre courage. En arrivant à Lyon il se hâta d’écrire :
« Tous mes proches commencent à être d’un même sentiment sur mon sujet, et j’ai reçu hier une lettre qui vous surprendrait si vous l’aviez vue. Mon départ fit pourtant quitter Rome à M. de Cîteaux, qui nous était un très grand obstacle, lequel, croyant me devoir suivre en France, sursit dans l’esprit de nos juges les desseins qu’ils avaient sur notre affaire. »
L’abbé de Prières, ayant appris l’arrivée de Rancé, lui manda, le 24 février 1665, de retourner en Italie. Prières était une abbaye de Bernardins fondée en 1250, à trois lieues de La Roche-Bernard, à l’embouchure de la Villaine, dans ma pauvre patrie. Bien que Rancé fût per-