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VIE DE RANCÉ

Faukaumont, de Cadouin et de La Vieuville. L’abbé de Cîteaux s’émut ; Rancé tint ferme, vérifia le procès-verbal, et obligea le secrétaire à le corriger. L’abbé de Cîteaux, voulant la paix, nomma Rancé visiteur des provinces de Normandie, de Bretagne et d’Anjou. Rancé n’accepta pas la charge, mais le bref de Rome passa. Il supprimait le vicaire général de la réforme de France, et défendait les assemblées qu’avaient autorisées les arrêts du parlement et du conseil. Rancé à demi repoussé regagna son monastère.

Si les travaux spirituels avaient été interrompus, les constructions matérielles n’avaient pas été suspendues à la Trappe. Les moines étaient eux-mêmes les architectes et les maçons. Des frères convers appendus au haut du clocher étaient ballottés par les vents et rassurés par leur foi. Celui qui plaça le coq sur l’édifice vint avant son entreprise se prosterner aux pieds de Rancé. La religion prit le frère par le bras, et il monta ferme. Les travailleurs se mettaient à genoux sur leurs cordes lorsque l’heure des prières venait à tinter. Rancé augmenta le couvent d’un nombre de cellules ; il éleva une mense pour la réception des étrangers. On aperçoit dans l’avant-cour du couvent les écussons insultés des armes de France.