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VIE DE RANCÉ

semaine : avant de s’accuser on se prosternera tous ensemble, et, le supérieur disant : Quid dicite ? chacun répondra d’un ton assez bas : Culpas meas.

À l’infirmerie le malade ne se plaindra jamais : un malade ne doit avoir devant les yeux que l’image de la mort ; il ne doit rien tant appréhender que de vivre.

À ces constitutions Rancé ajouta des règlements ; ils commencent par ce prolégomène : « Je ne m’acquitterais pas de ce que je dois à Dieu, de ce que je vous dois, mes frères, ni de ce que je me dois à moi-même si je négligeais dans ma conduite quelque chose de ce qui peut vous rendre dignes de l’éternité. »

Puis arrivent les instructions générales.

« On ne demeurera jamais seul dans aucun lieu dans l’obscurité, » dit Rancé. Et cependant, sans s’en apercevoir, il mettait l’homme seul devant ses passions.

Les observances en ce qui concerne les étrangers sont touchantes : on voyait des avertissements écrits en chaque chambre du quartier des hôtes. S’il est mort quelque parent proche, comme le père, la mère d’un religieux, l’abbé le recommande au chapitre sans le nommer, de manière que chacun s’y intéresse comme pour son pro-