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VIE DE RANCÉ

trouve cette allure qui nous a amenés des chanteurs de François Ier à Béranger :

 Je suis revenu de La Trappe,
 Cette maudite trappe à fou ;
Et si jamais le diable m’y attrape,
 Je veux qu’on me casse le cou.
 Ce maudit trou n’est qu’une trappe,
  Ce maudit trou
 N’est qu’une trappe à fou.


Les commissaires nommés par le cabinet s’étant assemblés, Rancé fut mandé à Paris, en 1675. Ils avaient tout réglé selon les intentions du serviteur de Dieu ; mais un abbé de la commune observance déclara que si l’on suivait les avis des commissaires, les abbés étrangers ne viendraient pas au chapitre général de Cîteaux. Le roi s’arrêta : tout se tenait alors, un mouvement dans le clergé pouvait entraîner un dérangement dans les affaires. Louis XIV le savait, et rien n’était si prudent que ce roi absolu élevé aux incartades de la Fronde.

Rancé purgea sa bibliothèque ; il répondit à l’évêque de Pamiers et à M. Deslions, qui, dans le dessein de le décourager, lui disaient qu’il était encore loin des austérités des premiers chrétiens : « Il est vrai que le pain de tourbe dont vous me parlez était fort en usage parmi les moines. »