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VIE DE RANCÉ

et je l’éprouve tous les jours, jusqu’où va l’injustice et la violence de ceux qu’on appelle molinistes. Il n’y a point de calomnies dont ils n’essayent de ruiner ma réputation, point de bruits injurieux qu’ils ne répandent contre ma personne ; comme ils ne sauraient attaquer mes mœurs, ils attaquent ma foi et ma croyance, et trouvent dans les règles de leur morale et dans la fausseté de leurs maximes qu’il leur est permis de dire contre moi tous les maux que l’envie et la passion leur peut suggérer. Circumveniamus justum, quonian inutilis est nobis et contrarius est operibus nostris. Ma conduite n’est pas conforme à la leur ; mes maximes sont exactes, les leurs sont relâchées ; les voies dans lesquelles j’essaye de marcher sont étroites, celles qu’ils suivent sont larges et spacieuses : voilà mon crime ; cela suffit, il faut m’opprimer et me détruire. Opprimamus pauperem justum : gravis est nobis etiam ad vivendum, quoniam dissimilis est aliis vita illius.

» Comment voulez-vous, monsieur, que je leur donnasse quelque créance ; et peuvent-ils passer pour autre chose dans mon esprit que pour des emportés et des injustes ? En quel endroit de l’Écriture et des livres des saints Pères ces