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LIVRE QUATRIÈME

gens, si zélés pour la défense de la vérité, ont-ils lu qu’ils puissent en conscience imputer le plus grand de tous les crimes sous des imaginations toutes pures, et décrier par toutes sortes de voies publiques et secrètes des personnes qui servent Dieu dans la retraite et dans le silence, qui ne se mêlent ni des contestations ni des affaires, qui donnent de l’édification à l’Église, et dont la vie, de l’aveu même de ceux qui ne les aiment pas, est irrépréhensible ? Jugez vous-même, monsieur, qu’est-ce qui se peut présenter plus naturellement lorsqu’il me revient quelque chose des soupçons que l’on forme contre les jansénistes, sinon que, puisque les molinistes ne font nul scrupule de m’imputer des excès dont je ne suis pas moins exempt que vous-même, quoique je n’aie jamais rien dit à leur désavantage et qu’ils n’aient aucun sujet de se plaindre de moi, il est très possible qu’ils attribuent des erreurs imaginaires à des personnes qui n’ont pas eu pour eux les mêmes égards ni les mêmes ménagements, et contre lesquels ils ont depuis si longtemps une guerre toute déclarée ?

» Pour vous parler franchement, monsieur, je ne suis rien moins que moliniste, quoique je sois