Aller au contenu

Page:Chateaubriand - Vie de Rancé, 2è édition, 1844.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
252
VIE DE RANCÉ

Au mois d’octobre 1695, Rancé envoya sa démission au roi : on remarqua ces mots touchants dans sa lettre : « Sire, comme je me sens pressé d’exécuter le dessein que Dieu m’inspire depuis longtemps de passer ma vie dans une retraite austère, et de me préparer à la mort ; que ma santé, qui diminue tous les jours, me met dans l’impuissance de donner toute l’application que je dois à la conduite de mes frères, m’avertit que mes derniers moments ne peuvent être éloignés, j’ai cru que le premier pas que je devais faire était de quitter la charge de cette abbaye, que je tiens de votre bonté royale, en vous envoyant, comme je fais, la démission pure et simple. »

Louis XIV reçut cette démission des mains de M. de Paris ; il dit à l’archevêque : « Renvoyez à la Trappe le frère porteur de la lettre ; que M. l’abbé examine la chose devant Dieu, et qu’il me dise sincèrement ce qu’il croit être le mieux. » L’archevêque de Paris manda à Rancé : « Je vous félicite de tout mon cœur de tous les engagements qui ont accompagné la grâce que le roi vous a faite dans cette dernière rencontre ; j’y ai pris toute la part imaginable comme le plus passionné et le plus fidèle de vos serviteurs. »