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LIVRE QUATRIÈME

valent beaucoup mieux que les anciennes. Il y en a pourtant de ces anciennes qui, pour n’être pas si polies, ne laissent pas d’imprimer du respect et de la révérence.

Santeuil, allant à Dijon avec le prince de Condé, fut attaqué du mal dont il mourut. « Je loue Dieu de la patience qu’il a donnée à M. de Santeuil, dit Rancé, dans un mal aussi douloureux que celui dont il a été attaqué. Tout ce qui part de sa plume a un caractère qui frappe et qui plaît tout ensemble ; je ne doute point qu’il ne se fasse remarquer dans ses derniers vers, qui peuvent être considérés comme une production de sa douleur. » Ce moine de Saint-Victor mourut à Dijon le 5 août 1697, à deux heures après minuit. Au même moment Ménage, qui ne le croyait pas si malade, s’amusait à faire des vers sur sa mort pour les lui montrer et le faire rire. Ayant fait un voyage à Cîteaux, Santeuil y cherchait la Mollesse du Lutrin : « Elle y logeait autrefois, lui dit un moine, aujourd’hui c’est la folie. »

Après le roi d’Angleterre, Monsieur, frère du roi, vint visiter la Trappe. Dans l’enthousiasme de ce qu’il avait vu, il dit à Louis XIV « que la vie qu’on menait dans cette solitude n’édifiait pas seulement la France, mais toute l’Europe, et qu’il était avantageux à l’État de la mainte-