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LIVRE QUATRIÈME

pardon à Dieu ? — Monsieur, répondit l’abbé je supplie Dieu très-humblement du fond de mon cœur de me remettre mes péchés et me recevoir au nombre de ceux qu’il a destinés à chanter éternellement ses louanges. » Les forces venant à lui manquer, il s’arrêta. L’évêque dit : « Monsieur, me reconnaissez-vous ? — Monsieur, répliqua l’abbé, je vous connais parfaitement ; je ne vous oublierai pas. »

L’évêque de Séez s’étant enquis si l’on avait donné quelque chose au mourant pour le soutenir, l’abbé de Rancé fit lui-même la réponse. « Rien n’a manqué à l’attention de leur charité. »

Il s’établit par les paroles de l’écriture un dernier dialogue entre l’agonisant et l’évêque.

L’Évêque. — Le Seigneur est ma lumière et mon salut.

L’Abbé. — Je mettrai en lui toute ma confiance.

L’Évêque. — Seigneur, c’est vous qui êtes mon protecteur et mon libérateur.

L’Abbé. — Ne tardez pas, mon Dieu, hâtez-vous de venir.

Ce furent les dernières paroles de Rancé. Il regarda l’évêque, leva les yeux au ciel, et rendit l’esprit. Il fut enterré dans le cimetière commun des religieux.