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VIE DE RANCÉ

Rancé : « Cet abbé, dit-il, de qui l’humeur est si douce et l’esprit si éclairé, s’il avait plu au roi de le nommer coadjuteur de monsieur l’archevêque de Tours, son oncle, son oncle en eût été ravi, autant pour les avantages de son diocèse que pour l’honneur de sa famille. » « L’archevêque crut d’abord, continue Marolles, que ce n’était de ma part que pures civilités ; mais comme il connut que j’y prenais quelque sorte d’intérêt pour les grandes espérances que je concevais de la capacité de l’abbé de Rancé, il me remercia. » La mère de l’abbé de Marolles, dont il est ici question, allait à la messe dans un chariot mené par quatre chevaux blancs pris sur les Turcs, en Hongrie. Elle portait son fils à une fontaine qui coulait au travers d’une saulaie.

L’inclination militaire de Rancé le poussait dans les lieux d’escrime. Quand il parvenait à faire sauter le fleuret d’un prévôt d’armes, rien n’égalait sa joie.

L’habit de fantaisie de celui qui devait revêtir la bure était un justaucorps violet, d’une étoffe précieuse ; il portait une chevelure longue et frisée, deux émeraudes à ses manchettes, un diamant de prix à son doigt. À la campagne ou à