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LIVRE PREMIER

la chasse, on ne voyait sur lui aucune marque des autels : « Il avoit, continue Gervaise, l’épée au côté, deux pistolets à l’arçon de sa selle, un habit couleur de biche, une cravate de taffetas noir où pendait une broderie d’or. Si, dans les compagnies plus sérieuses qui le venoient voir, il prenoit un justaucorps de velours noir avec des boutons d’or, il croyoit beaucoup faire et se mettre régulièrement. Pour la messe, il la disoit peu. »

Il reste quelques pages de Rancé, intitulées : Mémoire des dangers que j’ai courus durant ma vie, et dont je n’ai été préservé que par la bonté de Dieu. « À l’âge de quatre ans, dit l’auteur du Mémento, je fus attaqué d’une hydropisie de laquelle je ne guéris que contre le sentiment de tout le monde. À l’âge de quatorze ans, j’eus la petite vérole. Une fois, en essayant un cheval dans une cour, l’ayant poussé plusieurs fois et arrêté devant la porte d’une écurie, le cheval m’emporta ; et, comme l’écurie était retranchée, il passa deux portes : ce fut une espèce de miracle que cela se pût faire sans me tuer. »

Suit cinq à six autres accidents de chevaux ; ils font honneur au courage et à la présence d’esprit de Rancé. J’ai vu des brouillons de la jeunesse