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VIE DE RANCÉ

zon avec M. de Beaufort ; il lui faisait voir toutes les incommodités de ce logement, triomphant lâchement du malheur d’un prince qu’il n’oserait regarder qu’en tremblant s’il était en liberté. »

Mademoiselle de Scudéri se souvient trop qu’elle a fait un beau quatrain sur la prison du grand Condé. Le duc de Beaufort osait regarder tout le monde en face ; il avait même insulté Condé, et l’avantage de la branche bâtarde était resté aux illégitimes sur la branche cadette des légitimes.

Après maintes allées et venues pour concilier madame de Longueville et madame de Montbazon, on convint, d’après l’avis d’Anne d’Autriche et de Mazarin, des excuses que madame de Montbazon aurait à faire à madame de Longueville. Ces excuses furent écrites dans un billet attaché à l’éventail de madame de Montbazon. Madame de Montbazon, fort parée, entra dans la chambre de la princesse ; elle lut le petit papier attaché à son éventail :

« Madame, je viens vous protester que je suis très innocente de la méchanceté dont on m’a voulu accuser ; il n’y a aucune personne d’honneur qui puisse dire une calomnie pareille. Si