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LIVRE DEUXIÈME

la réponse était péremptoire. Au lieu de s’expliquer, Saint-Simon s’occupe du récit des liaisons de Rancé avec les personnages de la Fronde. Il affirme du reste, comme dom Gervaise, que Marie de Bretagne fut emportée par la rougeole, que Rancé était auprès d’elle, qu’il ne la quitta point, et lui vit recevoir les sacrements. « L’abbé Le Bouthillier, ajoute-t-il, s’en alla après à sa maison de Veretz, ce qui fut le commencement de sa séparation du monde. » Cette fin de narration prouve à quel point Saint-Simon se trompait. Les contemporains admirateurs de Rancé semblent s’être donné le mot pour se taire sur sa jeunesse : ils ne s’aperçoivent pas qu’ils diminuent la gloire de leur héros en rendant ses sacrifices moins méritoires. D’autant plus qu’ils en disent assez pour être entendus sur ce qu’ils omettent ; tantôt annonçant qu’un religieux s’était enseveli à La Trappe, pour avoir fait ce qui avait troublé Rancé, tantôt que Rancé lui-même ne cessait de pleurer ses fragilités. « L’abbé de Rancé, livré à toutes les séductions du monde, dit le cardinal de Bausset, se précipita dans un genre de vie peu conforme à la sainteté de son état, et qui dégradait en quelque sorte le triomphe qu’il avait obtenu sur son illustre émule…