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LIVRE DEUXIÈME

nèbres de la reine d’Angleterre et de madame Henriette, lui mande : « J’ai laissé l’ordre de vous faire passer deux oraisons funèbres qui, parce qu’elles font voir le néant du monde, peuvent avoir place parmi les livres d’un solitaire, et qu’en tous cas il peut regarder comme deux têtes de mort assez touchantes. » Bossuet connaissait-il ce que l’on racontait de madame de Montbazon ? faisait-il allusion à la tête de cette femme, en envoyant deux autres têtes s’entretenir avec elle ?

La sorte de plaisanterie formidable qu’il se permet ne semble-t-elle pas avoir des rapports avec la légèreté de la première vie de Rancé et la sévérité de sa seconde vie ?

On prétend qu’on montrait à la Trappe la tête de madame de Montbazon dans la chambre des successeurs de Rancé ; ce que les solitaires de la Trappe ressuscitée rejettent : les souvenirs conservés autrefois ne voyaient peut-être pas le front de la victime aussi dépouillé que la mort l’avait fait. On trouve ce passage dans le récit des courses du chevalier de Bertin : « Nous voici maintenant à Anet. La petite statue de Diane de Poitiers en pied n’est point sans doute aussi intéressante que la tête même de madame de